Brion Gysin
La Dreamachine

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Brion Gysin, Dreamachine, 1961/1979

Métal perforé, moteur électronique, lampe
118 x 30 cm
Collection du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, France, legs de Brion Gysin en 1988
Vues de l’exposition Brion Gysin: Dream Machine, 16 octobre – 28 novembre 2010, Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes
Les deux vues inférieures présentent des fac-similés de la Dream Machine [La Machine à rêver] ou Dreamachine, produits à l'occasion de l'exposition à l'IAC.
© photo Blaise Adilon


Peintre, poète et écrivain, Brion Gysin s’intéressait à tout ce qui pouvait perturber la perception afin de créer un décalage dans notre vision du monde.
Il fut surnommé la “machine à idées” et fit des découvertes novatrices en peinture, poésie, son, performance et art cinétique au début des années 1960, dont la portée est toujours d’actualité. Brion Gysin continue aujourd’hui à influencer les artistes aussi bien que les musiciens et les écrivains.

En 1958, alors qu’il voyage en bus vers le sud de la France, il fait l’expérience, les yeux fermés, du soleil se faufilant à travers les arbres. Les flashes de lumière brièvement interrompus lui provoquent des hallucinations, d’où surgissent, dit-il, de vives couleurs.
À la demande de l’artiste, Ian Sommerville, alors étudiant en mathématiques passionné d’électronique, construit un prototype comprenant une ampoule, un tube ajouré et une platine à disque tournant à 78 tours/minute. La Dream Machine [La Machine à rêver] ou Dreamachine, est une œuvre lumineuse qui selon le procédé du flicker [clignotement], produit un phénomène visuel et perceptuel. Ainsi, lorsqu’elle tourne à une certaine vitesse, elle procure à l’utilisateur, qui l’expérimente les yeux fermés, des images colorées et des sensations optiques particulières, voire de véritables hallucinations.

Pionnier de la poésie sonore, Brion Gysin est également connu pour avoir mis au point la technique du cut-up. En 1959, alors qu’il découpe au cutter une feuille de dessin, il coupe accidentellement un tas de journaux placé dessous. Il réorganise ensuite les fragments découpés, surpris de découvrir le sens nouveau découlant des textes. Avec l’écrivain américain William Burroughs, il développe le procédé des « poèmes permutés ».

La première rétrospective en France de Brion Gysin a eu lieu en 2010 à L’IAC : Brion Gysin: Dream Machine. Conçue par le New Museum de New York, elle fut l’occasion de découvrir plus de 300 dessins, livres, peintures, photo-collages, films, projection de diapositives et œuvres sonores de l’artiste.

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Expérimenter le flicker en ligne

« Explorer, pas simplement une extension du champ de la perception, du visible, mais expérimenter aussi d'autres modes de relation. »

Extrait de l'intervention de Pascal Rousseau,
dans le cadre de la Station 4 du Laboratoire espace cerveau :
"Dreamachine : le vacillement des identités".

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Charles Gatewood, Brion Gysin and his Dream Machine, William S. Burroughs at left, Paris, 1972


Avec le générateur de flicker en ligne, on peut explorer et modifier nos rythmes cérébraux à l'instar de la Dreamachine. Regardées de près, les yeux clos, pendant de longues minutes, ces intermittences lumineuses accélèrent jusqu'à 10 Hz les oscillations électriques de notre cerveau, ce qui nous entraîne en "ondes alpha", c'est-à-dire dans un état de rêve lucide situé juste en dessous de la conscience. Pour le neurologue et auteur du Cerveau vivant W. Grey Walter, influence majeure de Brion Gysin comme nous le rappelle Arnauld Pierre, ce dispositif optico-cinétique est un moyen de s'adapter à la rapidité croissante de nos rythmes de vie. Mais cette machine est également, et surtout - selon Pascal Rousseau - une entrée dans un autre mode de relation à l’autre. La musique Heathen Earth de Throbbing Gristle recrée de manière sonore cet arrière-plan érotique présent dans l'œuvre de Gysin, ancrée dans la contre-culture de l'époque.

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De la Station 1 à la Station 4

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Paul Sharits, N:O:T:H:I:N:G, 1968
Film 16 mm converti en fichier numérique, couleurs, sonore
Diffusion RE:VOIR, Paris
© photo Blaise Adilon


La première station du Laboratoire espace cerveau revenait déjà sur l'utilisation de la lumière introduite par l'art optico-cinétique. Quand Brion Gysin expérimente le clignotement les yeux fermés, le pionnier du cinéma structuraliste, et artiste proche de Fluxus, Paul Sharits colorise la pellicule argentique pour créer des flicker films. Inspiré par les cinq Bouddhas Dhyani, son film N:O:T:H:I:N:G (1968) alterne des plans de couleurs pures à la manière d'un mandala tibétain hallucinatoire, entre projection et perception de notre cerveau.

Brion Gysin

Né à Londres en 1916, Gysin a passé son enfance à Edmondton en Alberta (Canada), et a ensuite vécu à Paris, New York et Tanger. Travaillant simultanément la peinture, le dessin, le collage, le son, la littérature, la performance et quelque chose de plus indicible qui pourrait s’appeler la perception, Brion Gysin a créé une œuvre inégale, interdisciplinaire et à l’influence contagieuse. La production artistique de Gysin peut se diviser chronologiquement et officiellement en quatre parties : les peintures et les dessins calligraphiques ; les permutations de mots dans leurs formes écrites ; la performance qu’il développa simultanément avec la pratique du cut-up dont l’aboutissement fut The Third Mind (« Le Tiers Esprit »), un ouvrage de collages réalisés en collaboration avec William S. Burroughs ; la Dream Machine [La Machine à rêver] ou Dreamachine, une œuvre d’art cinétique destinée à être appréhendée les yeux fermés ; les collages et montages photographiques créés dans les dernières années de sa vie. Les œuvres de Brion Gysin subvertissent le réel par des expériences tant perceptuelles que poétiques.

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