Gianni Colombo

Topoestesia, Spazio Elastico, 
Architettura Cacogoniometrica

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Gianni Colombo, Topoestesia - Tre zone contigue (itinerario programmato), 1965-1970

Courtesy Robilant+Voena, London
Vue de l'exposition Laboratoire espace cerveau - Retour sur Gianni Colombo & Paul Sharits, en amorce de la Station (1)0, du 24 juin au 14 août 2016, Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes
© photo Blaise Adilon

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Gianni Colombo, Spazio Elastico, 1967-1968

Vue de l'exposition Laboratoire espace cerveau - Retour sur Gianni Colombo & Paul Sharits, en amorce de la Station (1)0, du 24 juin au 14 août 2016, Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes
© photo Blaise Adilon


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Gianni Colombo, Architettura Cacogoniometrica, 1984

Courtesy Archive Gianni Colombo, Milan
Vue de l'exposition Laboratoire espace cerveau - Retour sur Gianni Colombo & Paul Sharits, en amorce de la Station (1)0, du 24 juin au 14 août 2016, Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes
© photo Blaise Adilon


Pionnier de l’art cinétique en Italie dans les années 1960, Gianni Colombo réalise des œuvres qui entrent systématiquement en interaction avec le visiteur et son appréhension de l’espace. Ses sculptures et environnements, instables et dynamiques, perturbent la perception du spectateur et le plongent dans une conception redéfinie d’un espace-temps où la force de gravité est centrale. C'est cet usage du temps et de l'espace comme matières plastiques qui donne son nom au Groupe T, pour Temps, dont Gianni Colombo est l'un des membres fondateurs.

Dans Architettura Cacogoniometrica¹ (1984), le visiteur évolue sur des plans inclinés, entre des structures verticales qui penchent légèrement d’un côté et de l’autre. Véritable « co-auteur » de l'œuvre, le corps est en relation permanente avec l'environnement créé : il est contraint de rectifier continuellement son équilibre, sa posture, son orientation dans l’espace. Les variations rythmiques de la lumière bousculent les repères du visiteur dans Topoestesia - tre zone contigue (itinerario programmato) (1965-1970), une installation qui propose une déambulation dans trois espaces successifs. Avec Spazio Elastico (1967-1968), un environnement quadrillé d’élastiques fluorescents activés par des moteurs et éclairé à la lumière noire, le regard peine alors à estimer les distances et à identifier les surfaces. Ainsi, le travail de Gianni Colombo propose de faire l’expérience d'un déconditionnement physique, provoquée par des œuvres mouvantes et instables, qui induit un basculement d'une vision euclidienne vers une approche de l'espace à renouveler.

¹ du grec kakó « mal » et gonía « angle »

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Venez découvrir le principe des espaces irréguliers et illusoires de Gianni Colombo à travers cette captation vidéo de Spazio Elastico, sculpture de métal et fils métalliques qui se meut par animation électromécanique.

 
Gianni Colombo, Spazio Elastico, 1969

métal, fils métalliques, animation électromécanique
Dimensions 88 x 124,5 x 41, 5 cm


Les œuvres de Gianni Colombo jouent avec nos conditionnements optiques ; ses tableaux-objets comme ses ambienti modélisent les repères intérieurs de notre cerveau, à la manière de ce Spazio Elastico qui en reproduit la subdivision vertical-horizontal par un réseau toilé de fils métalliques. Alors que notre œil essaye d'établir un rapport stable à ce qui l'entoure, le cadre de référence gravitaire se déforme, se dilate et se rétracte subrepticement par l'action de moteurs dissimulés, créant ainsi un court-circuit perceptuel. Pour Gianni Colombo, c’est uniquement par cette instabilité qu'un objet se donne à voir, en forçant l'implication de celui qui le regarde. Le spectateur n'est plus celui qui contemple de loin des objets dans un cadre fixe, il devient un visiteur qui doit constamment s'adapter aux modifications cinétiques résultant du comportement de chaque partie. Avec son angle de vision unique, la fixité virtuelle de la perspective classique, théorisée par Leon Battista Alberti¹ à la Renaissance, devient quelque chose d'amusant que l'artiste tourne en dérision dans ses collages de jeunesse. Il introduit par exemple un Spazio Elastico dans L'Annonciation à Sainte-Anne de Giotto (Chapelle Scrovegni, 1303-1306) à la place de la source divine. Ses théâtres d’« osmoses dimensionnelles² » mettent en acte ce décentrement de la vision : contraint par ces espaces mouvants et déstabilisants, le centre de projection perceptif s'élargit des yeux à l'ensemble du corps, dans une appréhension sensible de l'espace.

¹ Leon Battista Alberti, De pictura, 1435-1436
² pour reprendre l'expression de l'artiste, voir Fabio Sargentini, Gianni Colombo, catalogue d'exposition. Rome : Galerie L’Attico, 1968


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Montage réalisé par Gianni Colombo

Amore Mio, catalogue d'exposition. Montepulciano : Palazzo Ricci, 1970

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Gianni Colombo, Spazio Elastico, 1967

Élastiques fluorescents, moteurs électriques, lampe en bois
400 x 400 x 400 cm
Neue Gallerie am Landesmuseum Johanneum, Graz, Autriche, 1967
Archives Gianni Colombo, Milan, Italie

 

 

Poursuivre l'exploration du Laboratoire

« Cela nous renvoie à une forme d’enquête ordinaire qui se déroule selon les rythmes de la marche, des saccades oculaires, de l’activité sensible et cognitive et qui s’apparente à un mode de connaissance ambulatoire. »


Lors de la Station 5, Le sens de l'espace, et de la Station 8Spatialisation / Des~Orientations – conçue en lien avec l'exposition Erre, Variations labyrinthiques présentée au Centre Pompidou-Metz –, le Laboratoire espace cerveau a dialogué avec l'ingénieur et neurophysiologiste Alain Berthoz autour de sa conception relationnelle de l'espace, distinguant une approche égocentrée fondée sur la mémoire motrice d'une approche allocentrée fondée sur la possibilité mentale du survol. 

Opérant un retour sur les recherches menées par le Laboratoire espace cerveau entre 2009 et 2014, l’Institut d’art contemporain a présenté en 2016 plusieurs œuvres de Gianni Colombo, lors de l’exposition Retour sur Gianni Colombo & Paul Sharits. Cette exposition a été l’occasion de mettre son travail en regard avec celui de Paul Sharits, dont les projections lumineuses créent des univers colorés et immersifs.

Gianni Colombo

Gianni Colombo est le principal instigateur de l’art lumino-cinétique en Italie. Dès 1959, il a réalisé des reliefs variables qui sont animés d’un mouvement permanent ou qui réclament la participation du spectateur (Superficie en devenir, 1960 ; Structure fluide, 1960). C’est l’époque où naît l’art cinétique, qui expérimente les jeux de lumière et de mouvement, et qui prend en compte l’espace et le corps du visiteur.

Gianni Colombo s’est très vite intéressé à la question du mouvement dans l’art ainsi qu’au phénomène de l’instabilité. Il a par ailleurs intégré à ses recherches la lumière, qui, associée au mouvement dans l’espace, a donné lieu à des environnements changeants, déstabilisant la perception du spectateur. À partir de 1964, il crée des ambiances, en utilisant des projecteurs ou des lasers et en faisant bouger les murs, le plafond et le sol, générant ainsi des « espaces élastiques ». L’œuvre de Gianni Colombo s’inscrit pleinement dans ce que Guy Brett – l’un des premiers à observer l’importance de la participation du spectateur dans les années 1960 – va appeler le « cinétisme du corps ».

Liens

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Pour aller plus loin

Dans son article « Les diagonales du fou », Pauline Mari rapproche les œuvres de Gianni Colombo du film L'occhio nel labirinto de Mario Caiano pour dégager un modèle commun du labyrinthe, dans lequel "la désorientation n'entrave plus la conquête du terrain, mais sa compréhension".